 Article et Photo de Amandine Robert parus dans le Progrès du 3 mai 2014.
|  Rencontre du 3e type. Ils portent les sabots et le chapeau paysan avec grâce et sont intarissables sur leurs passions : la parole et les gestes d'antan. Six membres de Patois tradition et métiers d'autrefois se livrent.
Il fait bon vivre du côté de la Lescherette, à Curciat-Dongalon, au cœur d'une niche de verdure, se cache une maison tout ce qu'il y a de plus Bressane. Un petit coin de paradis que même les GPS connaissent et pourtant, c'est bien un groupe tout droit sorti « du temps jadis » qui nous accueille, habits d'époque et sabots en première ligne.
Une faille spatio-temporelle en Bresse ?
Plus simplement une partie des membres de Patois traditions et métiers d'autrefois du canton de Saint-Trivier-de-Courtes (PTMA), fins prêts pour un après-midi d'animation pour un club du 3e âge.
Pour Gérard Basset, propriétaire des lieux, « c'est une chance de trouver une maison aussi peu transformée. C'est que mes parents, paysans, n'avaient pas franchement les moyens de faire des travaux à l'époque. Nous avons amélioré un peu le confort, mais conservé l'authenticité des lieux. »
Cette passion pour « l'ancien temps », qu'il partage avec ses amis de l'association, c'est « un peu nostalgique et un peu culturel » pour sa femme, Colette. « On se reconnaît dans notre patois, poursuit Robert Basset.
« Nous parlons le franco-provençal, comme dans les deux Savoie, l'Isère, le Rhône, le nord de l'Italie, l'Est de la Suisse, et une petite partie de la Saône-et-Loire. Mais ce qui est drôle, c'est que d'un village à l'autre, les mots changent », analyse André Pont.
Le paradoxe du patois
« Autant les jeunes s'y intéressent de nouveau, même de loin, estime Jean-Claude Bernard. Autant les anciens sont moins à l'aise et n'aiment pas trop le parler. » Sûrement parce que petits, les instituteurs leur interdisaient formellement ce dialecte, qui pour la plupart faisait office de langue maternelle. « Je me souviens que mes parents m'ont appris un peu le Français avant que j'aille en cours, pour ne pas que je me fasse gronder », s'amuse Robert. Aux débuts, les membres de PTMA n'osaient pas trop montrer leur investissement, « ça faisait ringard, se souvient Gérard et maintenant nous sommes très sollicités pour des animations. Cela revient à la mode. » Du côté de Chantal Pont, « on voit bien que nos filles et nos petits-enfants s'intéressent à ça. »
Une langue un peu figée
Le hic avec le patois, c'est qu'il peut difficilement s'écrire et encore moins évoluer. Cette langue d'origine paysanne est très imagée, fleurie et pleine de bon sens, mais s'adapte mal à la vie moderne. « Beaucoup de mots n'existent pas en Français.
À l'inverse, depuis l'apparition de la lumière dans les foyers, le dialecte n'a pas su évoluer, constate Gérard. Pour dire d'éteindre l'électricité, on contourne en disant de fermer le bec de la lampe. Alors les téléphones portables et internet… (rires) »
Président de PTMA : Michel Carruge au 04 74 30 75 56. Animateur : Robert Basset au 04 74 51 21 | |
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